| Chapitre 30 |
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Et maintenant!... je suis la risée de plus jeunes que moi, De ceux dont je dédaignais de mettre les pères Parmi les chiens de mon troupeau. |
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Mais à quoi me servirait la force de leurs mains? Ils sont incapables d`atteindre la vieillesse. |
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Desséchés par la misère et la faim, Ils fuient dans les lieux arides, Depuis longtemps abandonnés et déserts; |
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Ils arrachent près des arbrisseaux les herbes sauvages, Et ils n`ont pour pain que la racine des genêts. |
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On les chasse du milieu des hommes, On crie après eux comme après des voleurs. |
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Ils habitent dans d`affreuses vallées, Dans les cavernes de la terre et dans les rochers; |
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Ils hurlent parmi les buissons, Ils se rassemblent sous les ronces. |
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Etres vils et méprisés, On les repousse du pays. |
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Et maintenant, je suis l`objet de leurs chansons, Je suis en butte à leurs propos. |
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Ils ont horreur de moi, ils se détournent, Ils me crachent au visage. |
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Ils n`ont plus de retenue et ils m`humilient, Ils rejettent tout frein devant moi. |
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Ces misérables se lèvent à ma droite et me poussent les pieds, Ils se fraient contre moi des sentiers pour ma ruine; |
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Ils détruisent mon propre sentier et travaillent à ma perte, Eux à qui personne ne viendrait en aide; |
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Ils arrivent comme par une large brèche, Ils se précipitent sous les craquements. |
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Les terreurs m`assiègent; Ma gloire est emportée comme par le vent, Mon bonheur a passé comme un nuage. |
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Et maintenant, mon âme s`épanche en mon sein, Les jours de la souffrance m`ont saisi. |
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La nuit me perce et m`arrache les os, La douleur qui me ronge ne se donne aucun repos, |
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Par la violence du mal mon vêtement perd sa forme, Il se colle à mon corps comme ma tunique. |
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Dieu m`a jeté dans la boue, Et je ressemble à la poussière et à la cendre. |
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Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas; Je me tiens debout, et tu me lances ton regard. |
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Tu deviens cruel contre moi, Tu me combats avec la force de ta main. |
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Tu mu soulèves, tu mu fais voler au-dessus du vent, Et tu m`anéantis au bruit de la tempête. |
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Car, je le sais, tu me mènes à la mort, Au rendez-vous de tous les vivants. |
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Mais celui qui va périr n`étend-il pas les mains? Celui qui est dans le malheur n`implore-t-il pas du secours? |
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N`avais-je pas des larmes pour l`infortuné? Mon coeur n`avait-il pas pitié de l`indigent? |
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J`attendais le bonheur, et le malheur est arrivé; J`espérais la lumière, et les ténèbres sont venues. |
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Mes entrailles bouillonnent sans relâche, Les jours de la calamité m`ont surpris. |
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Je marche noirci, mais non par le soleil; Je me lève en pleine assemblée, et je crie. |
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Je suis devenu le frère des chacals, Le compagnon des autruches. |
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Ma peau noircit et tombe, Mes os brûlent et se dessèchent. |
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Ma harpe n`est plus qu`un instrument de deuil, Et mon chalumeau ne peut rendre que des sons plaintifs. |